Dans quelle langue la plupart des livres sont-ils publiés ?
Dans quelle langue la plupart des livres sont-ils publiés ? La langue qui compte le plus grand nombre de livres publiés dans le monde est l’anglais. Selon l’UNESCO et diverses bases de données de bibliothèques nationales, plus de 350 000 nouveaux titres sont publiés en anglais chaque année, et les estimations dépassent souvent le million si l’on compte toutes les éditions, les livres auto-édités et les formats numériques. L’anglais domine le marché mondial de l’édition, avec des contributions des États-Unis, du Royaume-Uni, du Canada, de l’Australie, de l’Inde et d’autres pays anglophones.
L’anglais n’est pas seulement une langue largement parlée. C’est une puissance éditoriale. Plus de la moitié des revues universitaires dans le monde sont publiées en anglais. Les principaux éditeurs mondiaux ont leur siège dans des pays anglophones. Le commerce international du livre considère souvent l’anglais comme la langue par défaut, même dans les régions où ce n’est pas la langue maternelle.
Ce n’est pas seulement une question de volume. Les livres anglais sont plus susceptibles d’être traduits dans d’autres langues que l’inverse. L’anglais est à la fois une source et une cible dans l’écosystème mondial du livre.
Plusieurs facteurs expliquent cette domination. Premièrement, les États-Unis et le Royaume-Uni produisent un nombre considérable de livres chaque année. Deuxièmement, l’anglais est la langue dominante dans les domaines des sciences, des affaires et de la technologie. Troisièmement, de nombreux écrivains à travers le monde publient en anglais afin de toucher un public plus large.
Mais cette présence mondiale a un prix. Les livres écrits dans d’autres langues ont souvent du mal à être traduits en anglais, tandis que les œuvres en anglais sont rapidement exportées à travers les continents. Ainsi, si les livres en anglais dominent en quantité, la diversité des voix ne circule souvent que dans un seul sens. Pourtant, les chiffres sont clairs. L’anglais n’est pas seulement la langue des lecteurs. C’est aussi la langue la plus prolifique des éditeurs.

✍️ Hermann Hesse et l’écho mondial de l’anglais
Hermann Hesse écrivait en allemand, mais la plupart des gens le lisent en anglais. Le Loup des steppes, Siddhartha, Le Jeu des perles de verre : aucun de ces titres n’était à l’origine une œuvre anglaise. Mais aujourd’hui, ils font partie du canon littéraire anglophone. La renommée mondiale de Hesse n’a pas commencé en Allemagne. Elle a explosé après que ses livres ont été traduits et largement publiés dans les pays anglophones.
C’est la réalité du monde de l’édition. L’anglais est la langue la plus publiée au monde, et tout auteur qui souhaite toucher un public international doit tôt ou tard passer par là. Hesse était sceptique à l’égard de la culture de masse, mais ses idées – crise spirituelle, identité, rébellion – s’intégraient parfaitement au marché anglophone de l’après-guerre. Les lecteurs américains et britanniques l’ont accueilli à la fois comme un philosophe et un romancier.
Ironiquement, la renommée la plus durable de Hesse ne lui est pas venue de ses lecteurs natifs, mais des étudiants américains des années 1960 qui l’ont découvert grâce à ses traductions en anglais. Ses livres sont devenus des classiques cultes, souvent imprimés en petits livres de poche bon marché qui circulaient dans les universités et les milieux contre-culturels.
Cela n’aurait pas été possible sans la présence écrasante de l’anglais dans l’édition mondiale. Même les auteurs profondément « non anglophones » y trouvent leur percée. Pour Hesse, ce cheminement l’a rendu intemporel. C’est la langue de l’amplification.
📚 J.D. Salinger et le mythe du best-seller anglais – Dans quelle langue la plupart des livres sont-ils publiés ?
Lorsque nous parlons de l’anglais comme langue la plus publiée au monde, nous pensons souvent aux empires mondiaux, aux éditeurs multinationaux et aux livres de poche destinés au grand public. Mais il y a aussi J.D. Salinger.
Salinger a très peu publié. Il détestait la publicité. Il refusait les interviews. Et pourtant, L’Attrape-cœurs est devenu l’un des romans les plus imprimés et les plus prescrits dans le monde anglophone.
C’est là le pouvoir étrange de l’édition anglaise. Un écrivain peut se faire discret et vendre quand même des millions d’exemplaires. L’anglais y parvient non seulement grâce à sa portée, mais aussi grâce à son infrastructure : écoles, bibliothèques, marchés, licences mondiales et rééditions.
Le succès de Salinger n’était pas seulement littéraire. Il était logistique. L’ampleur de l’édition en langue anglaise a permis à son unique livre de vivre des dizaines de vies dans les salles de classe, les dortoirs et les sacs à dos. Même sans la participation de l’auteur. L’anglais est une langue qui peut faire voyager un murmure à travers les continents. Salinger marmonnait, et le monde l’écoutait.

🌐 V.S. Naipaul et la langue qui lui a ouvert les portes du monde
V.S. Naipaul est né à Trinidad. Sa famille parlait un mélange d’hindi et d’anglais. Il a étudié à Oxford. Il écrivait en anglais. Et ce choix lui a ouvert les portes du monde. La carrière de Naipaul est un exemple parfait de la façon dont l’anglais, la langue la plus publiée au monde, sert de passeport littéraire. S’il avait écrit en bhojpuri ou même en hindi, il n’aurait probablement pas trouvé de lecteurs à l’échelle mondiale. Mais en écrivant en anglais, il est entré directement dans le courant dominant de l’édition internationale.
Ce n’était pas seulement une question de chance. C’était une question de structure. Les éditeurs anglophones avaient l’argent, la portée et les traductions nécessaires. Les thèmes abordés par Naipaul – le colonialisme, le déplacement, l’ironie – ont particulièrement touché le public dans la langue même qui s’était autrefois imposée à son pays natal. Et le monde de l’édition a répondu présent. Il a remporté le prix Booker, le prix Nobel et s’est assuré un lectorat sur tous les continents.
Mais Naipaul a également compliqué l’idée de la domination de l’anglais. Il n’a pas flatté l’empire et Il l’a dénoncé et n’a pas accepté l’anglais comme norme. Il l’a utilisé pour interroger son propre héritage.
La carrière de Naipaul prouve que l’anglais est à la fois une porte d’entrée et un champ de bataille. Il peut faire entendre une voix ou en étouffer d’autres. Dans son cas, il a fait les deux.